Entreprendre une psychothérapie, à quoi s’attendre ?

Par Céline Renaudet-Calvo – Psychologue

Lorsqu’on souhaite entreprendre une psychothérapie, il arrive que l’on ait du mal à s’y retrouver. Il peut s’avérer difficile de naviguer entre tout ce qu’on lit sur internet et tout ce que l’on entend. Vers quelle méthode se diriger ? Quel professionnel (psychologue, psychiatre, thérapeute…) ? Qu’est ce qui est le plus pertinent pour nous ? Le plus efficace ? A quoi s’attendre ?

La psychothérapie : un mot, une pluralité de pratiques

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La psychothérapie recouvre une pluralité de pratiques, de dénominations ainsi que de professionnels qui la pratiquent. Vous avez sûrement entendu parler d’outils ou de méthodes tels que l’analyse (ou psychanalyse) qui évoque dans la représentation collective l’image de Freud et de son divan ; les TCC (thérapie cognitive comportementale) qu’on recommande notamment lors de phobies ; des outils pouvant sonner un peu « magiques » de par leur rapidité d’action, tels que l’EMDR (eyes movement desensitization and reprocessing ou la désensibilisation et le retraitement par les mouvements occulaires), ou encore l’hypnothérapie souvent conseillée pour l’arrêt du tabac par exemple. Bien qu’il y ait une pluralité de pratiques, la psychothérapie a pour but de traiter des troubles au sens large, des comportements ou des pensées sources de souffrance, et ce qu’importe la méthode employée, le thérapeute ou son obédience.

Comment faire le tri dans tout ça ? Comment déterminer l’efficacité d’une psychothérapie ? Et quelle psychothérapie est la meilleure ?

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Pour déterminer l’efficacité d’une thérapie nous cherchons à savoir si la personne va mieux et ce à différents niveau (selon ce qui était travaillé en thérapie) ainsi que la tenue de cette amélioration dans le temps. Cependant, même si nous avons accès à ces informations il reste difficile de pouvoir évaluer véritablement une thérapie car il y a énormément de facteurs à prendre en compte, dont certains invisibles aux outils de mesure. Même si nous cherchons à avoir des groupes semblables pour évaluer de façon rigoureuse les thérapies (thérapeutes d’obédience similaire, patients avec la même problématique, protocoles thérapeutiques précis à suivre – standardisés) nous ne pouvons disposer de thérapeutes et de patients uniformisés.

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Il s’agit de l’humain, tout n’est donc pas contrôlable et vérifiable selon des critères qui obéiraient à une démarche exclusivement scientifique. Le patient peut avoir d’autres problématiques que nous n’avions pas vu par exemple (c’est ce qu’on appelle la comorbidité, lorsqu’il existe plusieurs troubles en même temps), quant au thérapeute, bien qu’il puisse suivre un protocole standardisé il en va d’abord de sa personnalité. Dès lors, nous comparons des choses qui ne sont pas rigoureusement comparables. De ce fait, les résultats d’une étude comparative pourraient s’expliquer par des facteurs différents que le protocole n’a pas réussi à standardiser ; à savoir la qualité humaine et la personnalité du thérapeute, sa culture générale, sa capacité à accueillir l’autre dans toute sa largeur au-delà des critères objectifs (mais souvent peu révélateurs seuls) de son école, de sa formation ou de son approche.

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De plus, nous ne pouvons faire fi de l’implication des patients dans leur propre travail et de leur environnement. Selon nous, l’engagement du patient est une part capitale du travail thérapeutique et ce qu’importe l’approche ou le thérapeute. Par ailleurs, tous les patients n’ont pas les mêmes ressources dans leur environnement et peuvent connaître plus ou moins de difficultés quant à leur cheminement thérapeutique.

Ce que les recherches mettent principalement en évidence est que le thérapeute est l’élément crucial dans l’efficacité thérapeutique et ce qu’importe son obédience et sa méthode de travail. Au-delà des outils utilisés, la relation thérapeute-patient (ce qu’on appelle l’alliance thérapeutique) est le point fondamental de toute thérapie.

Si vous souhaitez d’autres informations sur les différents types de thérapie et de courant, je vous invite à lire cet article rédigé par une psychothérapeute, qui en fait un bon résumé.

C’est la qualité de la relation qui ressort régulièrement comme le meilleur garant de l’efficacité. Mais est-ce à dire que l’efficacité des psychothérapies reposerait uniquement sur un savoir-faire et un savoir-être, et que toutes les théories psychologiques seraient de bien peu d’intérêt ? La question mérite qu’on s’y arrête un temps.

Pour Irvin Yalom (2013), « C’est la relation thérapeutique qui soigne. Il n’y a pas de vérité plus grande en psychothérapie. » Avant lui, de nombreux auteurs, dont Carl Rogers, Michael Blint, l’avaient bien démontré. Et même un éminent psychanalyste lacanien, Juan-David Nasio (2016), écrit : « Les qualités personnelles du thérapeute sont beaucoup plus importantes que l’école à laquelle il appartient ».

La Parole libératrice – L’esprit des psychothérapies humanistes. Sous la direction de Roland Coutanceau, Pierre Canouï, Boris Cyrulnik, Rachid Bennegadi.

Qu’en est-il au cabinet ? A quoi s’attendre ?

Le but d’une psychothérapie est de traiter la souffrance psychique, que celle ci s’exprime par des pensées ou des comportements qui posent problème, par des événements ponctuels ou bien chroniques (deuils, conflit, événement traumatique, etc.). Pour nous la psychothérapie est également une méthode pour apprendre à se connaître. Nous estimons qu’une thérapie est vraiment complète quand elle va en profondeur, pour changer les choses à la racine et apprendre à la personne a mieux se connaître, à s’individuer. L’individuation (concept développé par le psychanalyste Carl Gustav Jung) est un processus par lequel une personne devient entière et unifiée, véritablement elle-même, indépendante et autonome grâce à un travail sur soi durant lequel elle a fait face à tout ce qui la constitue (le bon comme le mauvais, le facile comme le difficile).

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Ce travail de connaissance de soi permettra à la personne d’être plus à même de faire face aux épreuves qu’elle rencontrera, d’être plus armée, et ce pour toute sa vie. En ce sens, nous sommes plutôt d’obédience psychanalytique/analytique/psychodynamique, si nous devons poser un terme. Précisons ici que nous rejetons la pseudo théorie des fantasmes que les sociétés psychanalytiques promeuvent toujours et qui a produit des catastrophes dans la prise en charge des victimes de violences sexuelles.

Les concepts intégrés dans un travail sur soi

Dans notre pratique thérapeutique nous sommes intégratif, je reviendrai sur ce point. Nous avons donc mis un point d’honneur à apprendre à nous connaître avant de pouvoir entreprendre une psychothérapie avec un patient. Nous avons chacun fait un travail sur nous de plusieurs années pour traiter nos propres problématiques mais aussi pour apprendre à nous connaître en profondeur. C’est à notre sens ce qui fait notre force, et qui peut parfois faire défauts à certains thérapeutes. Nous avons conscience des difficultés d’un travail psychothérapeutique, de ce qu’il peut provoquer, des changements qu’il entraîne. Si nous pouvons proposer un travail thérapeutique qui tend vers l’analyse, c’est que nous-même nous avons fait cette analyse.

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Ainsi, nous ne nous vous demandons pas ce que nous nous sommes jamais demandé à nous-même. Nous vous proposons que ce que nous connaissons, pour être en mesure de vous accompagner au mieux dans votre démarche. Comment accompagner un patient sur des choses que nous refusons de voir en nous-mêmes ? Comment l’aider à affronter des choses que nous n’avons pas réussi à affronter nous-même ? Il serait prétentieux et injuste de demander à nos patients de faire quelque chose que nous n’avons pas osé faire nous-mêmes. Malheureusement, trop peu de thérapeute ont entrepris un vrai et long travail sur eux-même, en profondeur, pour affronter leur ombre.

Notre méthode de travail est d’abord psychodynamique, c’est à dire que nous travaillons en premier lieu avec l’analyse. Nous travaillons en faisant sans cesse des aller-retours dans l’histoire du patient. A notre sens, les problèmes du présent trouvent pour la majorité leur source dans des événements antérieurs que nous prenons le temps d’explorer. Nous ne parlons pas que du présent, mais explorons toute votre histoire de vie, dans ses différentes sphères, pour mettre les événements en lien. Une psychothérapie c’est à nos yeux remettre du sens et faire des liens. Cela permet de relire son présent à la lumière de son histoire de vie et d’apprendre à se connaître tout en réglant en profondeur les situations qui vous posent problème aujourd’hui.

Nous sommes également intégratif. Comme je le mentionnais plus haut, il n’y a en soi pas de mauvaises approches thérapeutiques, toutes ont leurs forces et leurs faiblesses. Tout au long de ce travail, nous utilisons ainsi différentes approches, différentes méthodes et outils. Pour répondre au mieux aux situations et aux personnes, il est essentiel de pouvoir s’adapter et c’est ce que nous permet l’approche intégrative. Nous travaillerons toujours selon les principes psychodynamiques, tout en ayant différentes grilles de lectures et différents outils pour appréhender ce que vous apportez en consultations.

L’alliance thérapeutique ; patient et thérapeute sont partenaires

Pour que la thérapie soit aussi efficace que possible il est essentiel que la personne qui vient nous voir soit d’accord avec cette méthode de travail, accepte de relire son histoire avec nous et de se questionner. Nous ne pouvons travailler sans la participation active du patient. En tant que thérapeutes nous ne sommes que des guides, nous vous aidons à cheminer, à réfléchir, à questionner, mais ne pouvons travailler à votre place. Une psychothérapie est un travail à deux, qui ne peut fonctionner sans l’une des deux parties.

Ainsi, bien qu’il existe une pluralité d’approches comme mentionné au début de cet article, au cabinet nous avons décidé de lever ces carcans et ces catégories de pensée. Il n’y a pas, en soi, selon nous, de bonnes ou mauvaises thérapies. L’essentiel étant d’être à l’écoute, dans un questionnement permanent, et de s’ajuster aux situations et aux patients, ce que permet l’approche intégrative. Nous travaillons avec tout ce qui nous est possible de travailler, tant en psychologie en s’inspirant des tout ce qui existe dans le domaine (différents courants, différents outils), mais également en général.

Nous puisons plus largement nos réflexions dans l’ensemble des sciences humaines telles que l’anthropologie, la sociologie, la philosophie etc. Notre méthode de travail reflète notre personnalité , notre approche de la psyché et se veut la plus complète possible.